• Les lois naturelles de l'enfant

    Durant cette année, j'ai eu l'occasion dans le cadre de mon cours de pédagogie de lire ou plutôt d'écouter Céline Alvarez lire "Les lois naturelles de l'enfant". Il s'agit d'un livre retraçant l'expérience vécue par l'autrice au cours de laquelle elle a expérimenté avec des enfants de diverses tranches d'âges une pédagogie se rapprochant beaucoup de Montessori, tâchant au maximum de s'adapter aux lois naturelles des enfants. J'ai eu l'occasion donc d'écouter ce livre et, pour ne pas manquer d'informations importantes, il m'a paru indispensable de prendre des notes tant ce livre contient des éléments très importants pour moi à assimiler durant ma carrière et le plus rapidement possible. En voici un condensé. 

    • En France, 4 écoliers sur 10 sortent de l'école avec d'énormes lacunes. C'est donc la manière d'enseigner ainsi que l'enseignement en général qui doit se rapprocher des besoins fondamentaux des enfants et ce malgré leur nombre. 
    • L'instituteur est un modèle direct pour les enfants. Ainsi, si l'instituteur est calme, patient, soigneux et bienveillant, cela aura un impact positif direct sur le comportement et le développement des enfants. 
    • L'entraide entre les enfants de différents âges est un outil d'apprentissage incroyable qui stimule tant les plus grands que les plus petits. Cfr conférence de Céline Bigot: 90% des apprentissages s'ancrent dès lors qu'on apprend la matière aux autres. 
    • Les gênes influencent au final assez peu le développement d'un individu. L'environnement a alors un immense impact => cela permet une incroyable adaptation de la part des enfants. Plus le milieu qui leur sera proposé sera riche, plus les enfants s'élèveront dans leurs apprentissages. 
    • Très jeune, l'enfant crée des nouvelles connexions neuronales. Lors de l'élagage synaptique, les circuits neuronaux plus utilisées sont conservées et les autres élagués. 
    • "Une grande exigence envers les enfants implique une grande exigence envers soi-même."
    • Avoir un vocabulaire soutenu est important. Attendre un vocabulaire soutenu de la part des enfants l'est tout autant. 
      • Exemples: 
        • On => nous
        • Donner un nom précis aux objets. Pas de "truc" ou "machin". 
        • Employer des phrases complètes et des questions correctement formulées.
      • En pratique, cela s'opère par une reformulation de la phrases incorrecte par l'enfant. Si pas, l'adulte reformule la phrase et l'enfant la répète. 
      • Cela favorise le bon développement cognitif et des fonctions exécutives.
    • Les enfants n'ont pas besoin de cours marginaux mais bien de stimulations provoquant des apprentissages. 
    • Pour apprendre, nous devons être acteurs et attentifs à nos erreurs pour ajuster nos connaissances.
    • L'approche visant à laisser découvrir un concept à l'enfant par lui-même est à proscrire. Il faut apporter une aide personnalisée à l'enfant, sans quoi l'enfant sera très vite découragé et perdu.
    • L'adulte émet des signes sociaux pour montrer à l'enfant qu'il va lui apprendre quelque chose: le pointage du doigt; la voix chaleureuse, le regard attentif..." Les dessins animés "éducatifs" ne font rien de tout cela. Les jeunes enfants sont fascinés mais il n'y a pas d'apprentissage. 
    • La pédagogie naturelle est l'attitude d'apprentissage, l'échange qui s'opère naturellement entre un enfant et un adulte de confiance. 
    • Apprendre, c'est se tromper. Il faut accueillir l'erreur. 
    • Selon l'autrice, 4 facteurs sont à privilégier pour un apprentissage optimal en tenant compte des lois de l'enfant: 
      1. L'engagement actif de l'adulte
      2. L'étayage (aide) de l'autre
      3. Le mélange des âges
      4. La motivation intrinsèque
    • Il est indispensable de renouer avec la nature, de ressentir la nature au lieu de juste la voir en théorie. Il faut redonner un sens profond aux apprentissage et notamment par le biais de l'outdoor éducation.
    • Dans sa classe, il y avait une chaise sur laquelle un enfant était libre de s'asseoir et ne rien faire, rêvasser, regarder ses camarades... 
    • Le sommeil est primordial pour fixer les apprentissages. 
    • Le jeu est un moyen physiologique d'améliorer le cérébral et l'émotionnel des enfants.
    • Avant, le stress permettait soit de préparer le corps à la fuite, soit à l'attaque. Aujourd'hui, le stress rend ces réactions inadéquates. Il convient de prendre du recul et chercher des solutions, ce que le cerveau est à priori capable de faire à 25 ans. Cette position fait alors redescendre le taux de stress. Cependant, un enfant ne sait pas gérer ça tout seul et cela impacte directement et négativement le cerveau de l'enfant, pouvant détruire des neurones dans les régions importantes du cerveau comme à l'hypocampe, ayant un impact sur la mémoire, ou au niveau du cortex préfrontal. Si le stress est récurent et non assimilé adéquatement, cela aura donc de grosses conséquences négatives sur les enfants, et son apprentissage. Il ne faut pas laisser seul un enfant en proie à des émotions fortes, même pour qu'il"se calme seul". Il n'en est pas physiquement capable. Pour aider l'enfant à développer sa maturité émotionnelle: 
      1. Eviter de le soumettre à des situations de stress de manière répétée, éviter les critiques négatives, rabaissantes ou humiliantes.
      2. Il faut d'abord le rassurer, le consoler. Cela libérera de l’ocytocine, "l'hormone de l'amour" qui stoppera production de cortisone. Cela va également produire de l'endorphine, de la sérotonine et de la dopamine, des hormones qui vont apaiser l'enfant, le calmer et le rendre plus serein. 
      3. Il faut aider l'enfant à nommer l'émotion. Selon les neurosciences, nommer les émotions aide l'enfant à prendre du recul par rapport à elles et cela développe le cortex préfrontal de l'enfant plus rapidement. L'enfant pourra à l'avenir mieux se réguler lui-même. 
    • Notre bienveillance développe chez l'enfant des capacités morales et empathiques.
    • L'accueil des enfants doit être individualisé pour qu'ils se sentent pleinement accueillis avec qui ils sont.
    • La cognition incarnée, c'est lorsque la liberté fondamentale du corps n'est pas entravée et le cerveau apprend mieux alors.
    • Les contes offrent du nouveau vocabulaire aux enfants. 
    • Un schéma d'apprentissage du vocabulaire (pour les maternelles!) en 3 temps par Segin:
      1. Nommer et faire répéter. Pointer du doigt et demander à l'enfant de répéter sur un temps court.
      2. L'enfant doit montrer l'objet et le nommer. C'est l'étape la plus longue.
      3. L'enfant doit identifier. L'adulte lui demande "qu'est-ce que c'est?".
    • Il faut faire confiance et encourager les buts des enfants. 

    Il en a découlé pour moi plusieurs objectifs pour le prochain stage:

    1. Insister sur la posture et le vocabulaire, l'intelligence linguistique.
    2. Parler des émotions négatives; les nommer et les comprendre pour éviter une surcharge.
    3. En cas de conflit, faire nommer les émotions à chacun et le pardon viendra automatiquement.