• L'autonomie selon Denis Brosteau

    Présentation : 

    Denis Brosteau est un professeur à l'école de St Marc (Saint Servais) de la 3e primaire à la 6e. Il travaille selon une pratique personnelle qui repose sur trois points : 

    1. Le respect du rythme de chacun
    2. La coopération
    3. L'ouverture vers l'extérieur

    La disposition de sa classe : 

    Lors de sa conférence, Denis Brosteau nous expliqué que ses enfants n'avaient pas de place attitrée. Cependant, ils ont tous à leur disposition un casier personnel dans lequel ils peuvent ranger leurs affaires. Les bancs sont en ilots et des fardes sont prévues dans des armoires pour ranger les feuilles. On peut trouver un tableau noir amovible et un grand coin lecture. 

    Détail notable par rapport à des classes plus classiques, l'instituteur ne possède pas de bureau. En effet, il a horreur de voir les élèves faire une file devant le bureau du professeur. Au lieu de cela, il possède un tabouret avec lequel il se déplace à travers la classe pour aider les élèves qui ont besoin de lui. Toujours dans cette optique d'aide individualisée, un banc spécial est mis à disposition des élèves : un banc d'aide. Lorsqu'un enfant a besoin de se faire guider, il peut se rendre à ce banc et un camarade peut spontanément lui proposer de l'aide. 

    Cette configuration de classe pousse les enfants à adopter une attitude active et autonome quant à leur positionnement : ils choisissent leur place par rapport à leurs besoins, rangent leurs feuilles de manière autonome et ils peuvent se mouvoir librement pour, par exemple, se rendre aux toilettes ou aller chercher du matériel dans le coin prévu à cet effet. 

    Les évaluations : 

    Denis Brosteau ne réalise pas d'évaluation à proprement parler car il n'a pas de bulletin. Selon lui, le bulletin entraine de la compétition et il est contre cela. Cependant, le PO doit faire état de l'évolution de l'enfant, ce qui fait que l'instituteur utilise les plans de travail, un système d'étoiles et de ceintures de compétences.

    Après qu'une matière ait été vue, les élèves ont l'occasion à des périodes fixes durant la semaine de travailler avec un plan de travail. Ils peuvent réaliser alors des exercices sur des matières différentes. Lorsqu'un élève a réalisé deux exercices se rapportant à une compétence, il peut demander à passer un brevet de la compétence pour en montrer l'acquisition. 

    Dans le plan de travail, les élèves peuvent également travailler sur un projet personnel non obligatoire. 

    Les élèves sont amenés à s'autoévaluer. 

    Autres remarques : 

    • Il ne faut pas uniquement se concentrer sur les matières de math et français. 
    • Il ne sert à rien de pratiquer une pédagogie à laquelle on adhère pas intrinsèquement : il convient de la modeler à sa guise pour la faire sienne. 
    • Dans sa classe, il a mis en place le système de cahier de l'écrivain pour laisser une place à l'expression des enfants. Dedans, les élèves écrivent ce qu'ils veulent sans que l'instituteur ne corrige l'orthographe ou la grammaire. Le but est que les enfants aiment écrire et s'exprimer. 
    • Cette pédagogie ne s'adresse pas à tout le monde. Certains enfants ont besoin de plus de cadre, plus de frontal ou des exercices dirigés. 

    Ce que j'en retire pour ma pratique :

    J'apprécie beaucoup le fait qu'il se déplace pour aider les enfants. Cela apporte deux reconsidérations par rapport à la manière de s'organiser :

    1. L'instituteur est toujours en déplacement pour aider les enfants. Cela entraine inévitablement une pratique directement active du professeur, notamment pour corriger directement les élèves. 
    2. Le bureau de l'instituteur n'est plus un endroit fixe, mais la classe est son bureau.

    Dans cette configuration, cela me fait réfléchir quant à ma propre considération du bureau. En effet, il m'est utile comme lieu de repère pour organiser mes feuilles par rapport à l'ordre dans lequel je désire les donner. Cependant, cette manière de procéder n'a pas vraiment lieu d'être dans un espace où les feuilles sont directement à disposition des élèves. Je trouve donc que c'est une très bonne chose dans le cadre d'une future pratique, notamment avec des ateliers autonomes. 

    J'aime aussi le concept du cahier de l'écrivain. J'aime l'idée que les enfants aient un moyen d'expression régulier tout en prenant du plaisir à écrire. 

    Plus globalement, j'apprécie son recul par rapport à sa pédagogie. Là où je tique quand Céline Alvarez dit ne trouver aucun défaut à sa pédagogie, j'apprécie le fait que Mr Brosteau accepte que la sienne correspond à certains enfants (le plus possible, évidemment!) et pas d'autres. J'apprécie cette remise en question qui fait que la méthode d'apprentissage tend à toujours évoluer, elle n'est pas figée. 

    Enfin, le concept de plan de travail me plait particulièrement. Je le détaille plus dans cet article, mais je trouve le concept particulièrement intéressant du point de vue de la différenciation. En effet, un enfant avançant plus vite et ayant besoin d'être nourri va vraiment rentabiliser le plan de travail et s'investir à fond dedans, tandis que ceux qui ont plus de mal à certaines autres compétences peuvent les travailler de différentes manières car il existe autant de façons mises à leur disposition pour les travailler.